Les moissons traditionnelles se sont arrêtées au début des années 1960, dans notre région. Les javeleuses, puis les moissonneuses ont été remplacées par les moissonneuses-batteuses.
La batteuse réunissait, souvent au mois d'août, toutes la famille et les voisins. C'était un grand jour, la "fête de la batteuse". Au début, la batteuse était actionnée par une "locomobile", la "loco" comme on disait. Et les bœufs fournissaient encore leur force pour déplacer loco et batteuse. Puis ils furent remplacés par les premiers tracteurs agricoles qui faisaient tourner la grande courroie de la batteuse.
On employait encore la faux traditionnelle pour tracer des chemins ou pour couper le blé sous les arbres.
Collection de photos publiées sur le compte Facebook des "Amis du patrimoine"
Du mouton tondu jusqu'au petit gilet fantaisie, il faut présenter un processus artisanal précis et minutieux.
Ces photos sont extraites de la collection de l'atelier tissage de la Jimbrt'ée, à la grange de Corgenay, commune de Neuvy.
Lorsque les moutons sont tondus au printemps, la laine doit ensuite être longuement lavée et dégraissée. Une fois sèche, la laine est cardée pour la rendre homogène et la préparer au filage qui aura lieu à la main ou avec un rouet mécanique.
La laine peut s'utiliser brute (ou écrue) mais il faut de préférence la teindre avec des teintures naturelles. On doit alors respecter un process précis et minutieux pour obtenir des teintes stables et homogènes.
Le stade final est bien-sûr le tissage sur des métiers à tisser en bois. La tisseuse est une experte pour monter les fils de trames et pour faire passer la navette à bon escient.
La toile produite est alors destinée aux mains des couturières pour en faire des gilets, des châles ou des sacs.
Laurent et Marie VALETTE, et leurs enfants après eux, ont mené une vie d’agriculteurs en métayage et ils ont déménagé assez souvent, 7 fois en un siècle, du bourg de Montodre pour finir au hameau des Brossards à Lapalisse. C’est à Sainte Marie (Treteau) et à La Roche (Trezelles) que la famille est restée le plus longtemps. L’organisation du travail se faisait en famille : les deux frères « Claude » qui ont 5 ans de différence, associés avec d’abord leur beau-frère Laurent Rondepierre (époux d’Elisabeth) puis avec un autre beau-frère, Etienne Plat (époux d’Antoinette). Vers 1900, la famille se sépare. Claude et son épouse Anne Crouzier deviennent des agriculteurs autonomes. Ces changements s’expliquent pour de multiples raisons : adapter la structure de la famille aux besoins de l’exploitation à une époque où tout se fait à la main – quitter un propriétaire quand les conditions de travail deviennent difficiles – régler des problèmes de cohabitation dans la famille et permettre l’indépendance de ceux qui le souhaitent. Aucun des enfants de Laurent Valette et Marie Barnabé ne savent lire et écrire. Ce ne sera pas le cas de leurs petits-enfants nés à partir de 1880 qui iront à l’école obligatoire jusqu’à 13 ans.
La Saint-Martin est célébrée le 11 novembre en souvenir de saint Martin de Tours (mise au tombeau le11 novembre 397). En Europe centrale, la Saint-Martin s’accompagne de nombreuses traditions parmi lesquelles la dégustation de l’oie de la Saint-Martin, la retraite aux flambeaux et les chants de la Saint-Martin.C’était aussi la date à laquelle commençaient ou terminaient les contrats de travail et à laquelle les fermages, les rétributions et les intérêts étaient échus. Aujourd’hui encore, le jour de la Saint-Martin sert de date de début ou de fin des baux, dans la mesure où ce jour correspond au début et à la fin de la période d’exploitation naturelle. Ainsi, traditionnellement, la Saint Martin était le jour des déménagements dans la monde rural.
Le métayage est l'association d'un propriétaire qui apporte le capital et d'un métayer qui propose son travail. Le propriétaire intervient directement dans la gestion de l'exploitation, mais c'est le métayer qui gère au quotidien. Le terme de « métayage » vient de « moitié » signifiant un partage par moitié des produits, mais cela peut être différent selon les traditions du lieu et de l'époque. Les baux de métayage étaient traditionnellement des baux dits 3/6/9. Le contrat était de 3 ans renouvelable jusqu’à 9 ans. L’entrée dans une ferme en métayage supposait un inventaire des biens en cours dans l’exploitation (bétail, semences, stocks de récolte), pour laisser la même quantité à la fin du bail, avant de déménager.
On déménageait à la Saint Martin. Ainsi, Jacques Valette arrive dans les ferme des Charrets à Chavroches le 11 novembre 1933. Il note sur son livre de comptes ce qu’il a amené de l’exploitation précédente et ce qu’il trouve aux Charrets. Il est venu de la ferme des Briandets à Langy avec des semences et des pommes de terre et il trouve sur sa nouvelle exploitation un tracteur, du cheptel et des betteraves. Le tout est évalué, avec l’accord du propriétaire, pour estimer l’argent que le métayer doit verser pour honorer la part due au propriétaire.
Voir la copie du livre de comptes de Jacques Valette
Cindré, un village bourbonnais pendant la Révolution, a été écrit en 1989, pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française. Il s’est agi de montrer les transformations concrètes du cadre de vie dans un village bourbonnais : la mise en place de la première municipalité, la vente des Biens Nationaux, la création du premier cadastre pour la mise en place des nouveaux impôts, le nouveau calendrier, la vente de l’église...
L’autorité du maire s’est imposée, la nouvelle organisation administrative a remplacé le système seigneurial et les hommes se sont adaptés pendant cette période mouvementée. Mais la Révolution n’a pas bouleversé la vie quotidienne et les rapports de pouvoir, d’autorité, n’ont pas changé. Les métayers et les ouvriers agricoles sont restés soumis aux « fermiers » qui ont remplacé les anciens propriétaires.
La France est restée un pays rural dont la propriété terrienne est la première source de richesse.
Ouvrage de Michel Valette
publié par l'association de Défense du Patrimoine Est Allier
voir le site de l'association :
Ouvrier agricole à Sorbier, Benoît Pacaud est incorporé le 15 décembre 1914 à 21 ans. Il témoigne de la Grande Guerre par des notes laissées dans un cahier qu’il remplit de son incorporation en décembre 1914 à sa démobilisation en mars 1919. On y lit les différentes étapes franchies durant le conflit : sa période d’instruction au camp militaire de la Valbonne dans l’Ain, son départ vers le front et son expérience quotidienne des combats dans les tranchées, notamment dans l’Argonne où il fut blessé à l’omoplate par des éclats d’obus le 14 juillet 1915 au bois de la Gruerie.
Il écrit : « Je me crus coupé en deux ». Après sa convalescence, il sera réincorporé en mai 1916 dans le service auxiliaire en tant qu’ordonnance d’un médecin puis en tant qu’infirmier : « (…)malgré que je n’eus aucune notion pour ça mais on m’apprit à faire un pansement ou un massage tant bien que mal. ».
C’est d’ailleurs à partir de cette période que l’on retrouve des dessins et des toiles datés et signés de sa main. Il écrit en mai 1916 : « Je continuais à dessiner et à peindre. J’avais les leçons d’un maître en portraits nommé Pallanchard, et je tâchai d’en profiter le plus possible ».
L'ensemble des documents laissés par Benoît Pacaud est à découvrir sur le site des archives de l'Allier. Voici le lien :
La Révolution Française entraîne une remise en cause de la place de la religion catholique en France. Les biens du clergé deviennent de biens nationaux en 1789. L’année suivante, les membres du clergé deviennent de fonctionnaires publics qui doivent prêter serment à « la constitution civile du clergé ».
Guillaume-Joseph Fouilhoux, curé de Jaligny depuis 1766, refuse de prêter serment alors que le curé Lacombe de Marseigne, devient un curé assermenté. Cette situation illustre la division du clergé de l’époque qui se partage entre clergé « jureur » et clergé « réfractaire » qui refuse la nouvelle organisation.
Le 6 février 1791, le curé Fouilhoux déclare solennellement dans son église qu’il refuse de prêter serment, ce qui aurait dû lui interdire de continuer son office. Mais la municipalité de Jaligny lui accorde la permission de rester dans son église. Cette exception ne dure pas longtemps et 2 mois plus tard, l’abbé Marcillat, vicaire de l’église Saint-Pierre à Moulins, est nommé curé à Jaligny. Cette nomination ouvre une période de troubles car la population était attachée au curé Fouilhoux qui refusait de quitter la paroisse. Ainsi, L’abbé Fouilhoux continue à officier et il signe sont dernier acte de baptême le 31 décembre 1792.
A partir de 1793, la paroisse subit la volonté de déchristianisation imposée par la « Convention ». L’abbé Marcillat remplit l’office « d’agent public » pour inscrire l’état civil jusqu’en septembre 1793. Après cette date, on dresse l’inventaire de tout le mobilier de l’église qui est vendu aux enchères. Le 16 janvier 1794, la démolition du clocher est actée de la même façon. L’église devient alors « un temple de la raison ».
La prise du pouvoir par Bonaparte et la signature du Concordat ramenèrent la paix religieuse. Le curé Fouilhoux retrouva son église jusqu’au 27 avril 1803.
Ceci est le résumé d'un passage d'un ouvrage sur la Terreur en Bourbonnais publié par Louis Audiat en 1893. En cliquant sur le lien, on peut télécharger les pages qui concernent Jaligny.